Artonik
La rue est dans le pré

Lundi 12 juin

Depuis plus de 10 ans, Artonik fait pousser ses idées... Celles-ci prennent racine dans le terreau quotidien : situations banales, petits riens, bribes d'histoires individuelles. Au fil des spectacles, la compagnie explore ainsi les multiples facettes de l'humain. Nous avons déjà pu assister à l'éclosion de « Caliente » (1999) et « Candy Candy » (2002), traitant respectivement des thèmes de la féminité et de l'altérité.

De retour au Fourneau, Artonik poursuit la création de son nouveau spectacle, « La rue est dans le pré ». L'avènement des congés payés en 1936 lui sert de point de départ. Alors que de nombreuses émissions et reportages viennent marquer les 70 ans de cette révolution sociale, la compagnie Artonik propose une approche sensible des vacances. Un grand tableau vert, sur lequel se déroulent des histoires ordinaires comme un pique-nique, une partie de pêche ou l'étendage du linge.

Scènes de vacances ordinaires...

Les artistes répètent en petits
groupes sous l'oeil attentif de Caroline Selig

Mardi 13 juin, 16h00

Répétition d'une scène entre un macho, un vrai (aisément reconnaissable à son T-shirt Ricard) et deux donzelles bien décidées à ne pas se laisser faire. Le tout sur fond d'extraits radiophoniques et de musiques estivales...

Chacun des trois acteurs-danseurs participe à l'élaboration de la scène, dans la continuité d'un travail d'improvisation : « Pourquoi est-ce que tu ne tomberais pas plutôt comme ça? A quel moment je pose mes pieds sur tes genoux? Normalement, là tu lèves les bras. Je me demande si cette bague est vraiment nécessaire ». Caroline assiste à la répétition en faisant des suggestions mais sans chercher à imposer une chorégraphie précise.

Elle est bientôt rejointe par deux autres danseurs, en pause, qui apportent également leur point de vue sur cette scène. Une fois leur cigarette terminée, ils repartent s'entraîner un peu plus loin.

La bague s'avère finalement nécessaire à notre plagiste, à condition bien sûr qu'elle soit assortie à la chaîne qu'il porte autour du cou!

Mercredi 14 juin, 15h00

Après la pause repas, les danseurs reprennent les répétitions. Pieds nus ou palmés, ils évoluent sur l'herbe avec la même aisance.
Alain s'installe auprès d'eux pour retravailler le montage-son. Ainsi, la création du spectacle suit les ajustements sonore et chorégraphique de chacun des groupes.

« Chez Malou », l'atelier situé dans la petite halle du Fourneau, abrite les expérimentations sonores d'Alain. Les extraits radiophoniques utilisés dans les montages proviennent des archives de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel). Alain a passé beaucoup de temps à déterminer précisément les thématiques qu'il voulait développer, puis à écouter et sélectionner des « tranches de son ». Propos concernant la mini-jupe ou les manifestations étudiantes, chansons, jingles... les montages de « La rue est dans le pré » contiennent de véritables perles sonores!

 

Lundi 19 juin

La marque à suivre...

Les artistes prennent leurs repères, dans le temps et dans l'espace. A chacun ses outils : schémas, croquis ou notes les aident à visualiser le déroulement de chaque séquence. Un mètre mesureur peut également s'avérer fort utile.

Au sol, des bandes de scotch délimitent l'espace de jeu. Et voici la marque à suivre...

 

Mercredi 21 juin

Essais techniques

Tout près du Fourneau, rue Porstrein, la compagnie effectue quelques essais de son. Les extraits de discours concernant les 35h se mêlent à la musique disco et aux braiments de l'âne du cirque Bouglione (installé sur le Parc à chaînes).

 

Jeudi 22 juin

Derniers préparatifs avant l'expérimentation publique

14h00 : Le soir-même, la compagnie se risque à une expérimentation publique de son spectacle sur le cours Dajot... Pour l'heure, tout le monde s'affaire et participe à l'installation du décor. L'essentiel du travail consiste à dérouler le tapis vert qui servira d'espace de jeu aux danseurs et de table de pique-nique aux spectateurs.L'opération est délicate : il s'agit de bien ajuster les laies de gazon entre-elles en évitant les plis...Tous les moyens sont bons : par exemple, s'étendre de toute sa longueur pour maintenir le tapis en place!

 

 

Pendant ce temps, Romaric et Sébastien, les deux blessés, jouent les retraités un peu râleurs vissés sur leur banc. Ils font forcément quelques commentaires sur l'avancée du travail et répondent aux questions des passants étonnés. Ici, un habitant du quartier qui s'avère être également un élu municipal.

15h30 : Alain et Caroline réunissent l'équipe pour préciser le déroulement de l'expérimentation.

Peu après, le filage commence. Chaque personnage débarque avec sa valise et son transistor, évoluant entre les nappes dans le pré. On a la sensation que les vacanciers viennent tout juste de partir en laissant derrière eux leurs nappes rouges. Peut-être est-ce lié au soleil qui fait scintiller l'herbe ou à la très belle vue qu'offre le cours Dajot sur le port de commerce ? Plus nombreux qu'en début d'après-midi, les promeneurs s'arrêtent pour regarder le filage et prendre des photos.

Texte : Camille Poiraud / Photos : lefourneau.com