Les origines

De Grains de Folie au Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public : les origines du Fourneau

« En France depuis trente ans, de nombreux artistes et compagnies ont choisi de s’exprimer dans l’espace public hors des lieux consacrés et directement au contact de leurs concitoyens. Ils y rencontrent de nouveaux publics, en puisent de nouvelles sources d’inspiration et y explorent des formes innovantes de l’art contemporain ».
Le Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public Le Fourneau a choisi de les accompagner.

Le Fourneau fonctionne dans un cadre associatif, présidé depuis 1989 par Philippe Emschwiller et administré par un Conseil de 15 membres. Il a été cofondé en 1994, et codirigé jusqu’en 2017, par Michèle Bosseur et Claude Morizur et porté à longueur d’année par une cinquantaine de citoyens bénévoles prêts à se multiplier pour les besoins de création. Il est dirigé depuis 2018 par Caroline Raffin.

Les origines

L’aventure du Fourneau prend sa source au Relecq-Kerhuon au milieu des années 80 dans la rencontre d’une association de citoyens passionnés, membre du patronage laïque du Relecq-Kerhuon, avec la compagnie de théâtre de rue Oposito. Cette compagnie francilienne leur fait découvrir les arts de la rue et leur capacité à questionner le quotidien des habitants.

Leur complicité donne naissance dès 1989 à l’association Grains de Folie, qui regroupe alors une poignée de de bénévoles. Ensemble, ils créent une plate-forme annuelle de création, le Festival Grains de Folie qui de 1989 à 1995, plonge 20h durant des spectateurs, convoqués à 4h du matin, dans un monde délirant, démesuré, magique et hors du temps.

En savoir plus sur l’association Grains de Folie

Dès 1991, la ville de Brest choisit l’association Grains de folie pour concevoir les Jeudis du port, une manifestation en forme d’invitation sur le port de commerce chaque jeudi, en juillet et en août et qui donne la part belle aux créations arts de la rue. Michèle Bosseur et Claude Morizur choisissent de quitter l’éducation nationale, où ils exerçaient en tant qu’instituteurs, pour se consacrer à ce mouvement artistique en pleine expansion.

Parallèlement, les années 90 marquent les premières mesures de l’Etat pour la structuration des arts de la rue. L’Etat apporte notamment son soutien aux lieux de fabrique, conscient de la nécessité de lieux d’accueil et de stockage pour les compagnies en phase de création. Devenir un pôle de fabrication et de résidence devenait une évolution logique de l’aventure citoyenne des origines.

Naissance et évolution du Fourneau

L’année 1994 marque la dernière édition du Festival Grains de folie dans sa forme initiale et le début d’une nouvelle aventure pour l’équipe de citoyens passionnés par les arts de la rue : l’histoire du Fourneau. Prenant possession d’un vieux hangar à charbon afin de pouvoir construire et entreposer les décors des compagnies, l’association Grains de folie inaugure le 11 novembre 1994 « Le Fourneau », nom donné en clin d’œil à la cantine ouvrière de la Pyrotechnie de St Nicolas de la commune berceau du Relecq-kerhuon toute proche, et à l’activité charbonnière des Dockers, jadis importante sur le port de commerce.

Le Fourneau de Brest est l’aboutissement des Grains de Folie. Il symbolise la structuration et la reconnaissance des arts de la rue. Il est le premier Lieu de Fabrique missionné par l’Etat pour accompagner les compagnies en création. Le dispositif mis en place par les deux co-directeurs est aussi efficace qu’original puisque les compagnies restent porteuses de leur projet et de leur production. Michèle Bosseur et Claude Morizur s’entourent progressivement d’une équipe professionnelle pour que Le Fourneau puisse assurer pleinement ses fonctions de pôle de création et de pôle de diffusion. De multiples dispositifs de diffusion, à différentes échelles sont ainsi tentés. En 1997, Le Fourneau est sollicité par la Ville de Morlaix pour prendre la relève dans la programmation et l’organisation des « Arts dans la rue de Morlaix », le FAR.

Cette même année coïncide avec l’apparition sur internet d’une forme d’usages spécifiques aux arts de la rue. Grâce à l’implication d’Yffic Cloarec, un ingénieur informaticien, les Nouvelles Technologies se sont montrées déterminantes dans l’élargissement du territoire d’intervention de l’équipe du Fourneau. Une mémoire collective, celle de passionnés, de Compagnies, Lieux de fabrique et Festivals a pu se fabriquer sur le net, instaurant un ancrage dans l’espace et le temps, sans contradiction avec le caractère éphémère et public des arts de la rue. Les actions de sensibilisation, d’initiation et de formation au multimédia mises en place par le Fourneau ont été repérées dès 98 par le Ministère de la Culture dans le cadre du programme des Espaces Cultures Multimédia. Le Fourneau multiplie les expériences au sein du réseau des ECM à partir de contenus culturels, éducatifs et artistiques qui contribuent à inventer de nouveaux usages créatifs, coopératifs et citoyens... L’ECM du Fourneau est à l’origine et parraine l’Espace Molène Multimédia (petite île de l’Atlantique Nord).

En avril 98, l’équipe s’installe dans deux autres bâtiments du port situés Quai de la Douane : l’un accueille des compagnies en résidence (le magasin Del@rue, 1000 m²), l’autre, l’ECM et l’administration (la boutique, 50 m², 5 machines). Les résidences de compagnie durent de dix jours à trois semaines ; les artistes sont logés et nourris et des moyens techniques de fabrication sont mis à leur disposition.

Labellisé “Scène Conventionnée Arts de la rue” en 2000 par Le Ministère de la Culture, le Fourneau multiplie les actions artistiques en direction de différentes localités bretonnes. Elles sont l’occasion d’émotions partagées, dans une diversité sociale et culturelle. Ce travail de médiation en profondeur contribue à faire émerger une mémoire collective, une histoire partagée, une culture commune, dont les sites internet publiés par le Fourneau sont les premiers relais et traces.

Le Temps des arts de la rue, réflexion lancée sur trois ans, regroupe autour d’une même table tous les acteurs du mouvement des arts de la rue : compagnies, acteurs politiques territoriaux, DRAC et Etat. Ce temps fort réparti sur 2005, 2006 et 2007 visait à l’amélioration des moyens de création, de production, de diffusion et de formation afin de développer durablement les champs d’action. Il permet de faire progresser la reconnaissance des arts de la rue à travers diverses mesures prises dès l’année 2005. C’est ainsi que le Fourneau obtient en 2005 son statut de Centre National des Arts de la Rue (CNAR) tout comme huit autres fabriques des arts de la rue.

Le Fourneau aujourd’hui, de la Bretagne à l’Europe

Depuis 2006, l’ancrage territorial du Fourneau et son statut d’expert se sont confirmés à l’échelle de la Bretagne. Des collaborations ponctuelles avec différentes municipalités et associations se sont pérennisées. Le Centre National des Arts de la Rue a ainsi été amené à développer un travail de programmation nomade, à l’écoute des acteurs locaux. En fonction du projet, des caractéristiques du territoire et de la population, l’équipe adapte son accompagnement dans une démarche de co-écriture avec ses partenaires. Du conseil à la programmation au soutien logistique et technique en passant par le pilotage complet de la manifestation, l’équipe met en œuvre des démarches différentes en fonction des besoins et des demandes formulés.

De 2008 à 2012, dans le cadre du programme européen INTERREG IV (ZEPA [1]), le Centre National des Arts de la Rue le Fourneau est associé à 8 structures et institutions en France et en Angleterre. Sous l’égide de la Communauté Européenne, cet innovant réseau transfrontalier vise à construire une zone transfrontalière de circulation, d’échanges et de rencontres entre les publics, les artistes et les professionnels. La première phase de développement du projet porte sur la période 2008-2012.

Notes

[1Zone Européenne de Projets Artistiques - www.zepa9.eu